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Parce qu'une vie ça se change, et un corps aussi.

Pour les sceptiques de la phrase : « les choses ne sont pas parfaites »

Parce que c’est toujours marrant d’entendre les autres dire cela quand ils vont mieux, mais parfois on ne se rend pas compte qu’ils sont absolument sincères quand ils le disent. Que les choses ne sont pas aussi linéaires qu’on veut bien le croire, et qu’en même temps, s’ils ne décrivent pas ce qu’il en est, personne ne peut comprendre à quel point cette phrase pourtant simple retentit de vérité.

Alors oui, je l’ai écrit, ma guérison n’est pas parfaite, mais à l’inverse, parsemée d’embûches et moments où, tout simplement, tout déraille. Comme ces 3 jours, qui n’ont été qu’une énorme crise sans fin. Sauf que si je vous écris ceci en cet instant c’est que justement si, il y a toujours une fin. Et qu’une des nombreuses leçons que l’on peut tirer de tout ceci est que tant que ça se termine plus vite que la fois précédente, c’est du progrès.

Résumons factuellement le déroulement de cette crise :

Vendredi 18.10.2013 : La crise débute à 17h30 environ. A partir de ce moment-là, je mange :

· Une grande gaufre de Bruxelles avec chantilly-fraises

· Un pain saucisse de campagne avec oignons et mayonnaise

· 9 croustillons de la Foire avec chocolat fondu (noir et pas de type Nutella)

· 4 tranches de brioche

· 4 cuillères à soupe de gelée de groseilles

· 70g de fromage blanc 0% avec beaucoup de sucre

· Un morceau de cheddar

· 3 petits biscuits au son d’avoine

· 6 tranches de pain blanc aux grains (4 avec beurre, 2 avec moutarde)

· Une tranche jambon de porc sec

· Une tranche jambon de porc cuit

· Un morceau de gruyère suisse

· 2 tuiles de chocolat noir aux éclats de noisettes

· Une grande cuillère à café de chocolat tartinable Kwata

Samedi 19.10.2013 : A l’issue de ma crise de la veille, je me sens franchement mal (physiquement autant que psychologiquement). Je ne mange rien juste 20h car je n’ai pas faim, mais après, je sens que je dérape, bien que moins. Au restaurant je mange une grande salade aux fruits de mer, un énorme crumble poire-chocolat avec boule de glace à la vanille, et un chocolat chaud au chocolat blanc (lait entier et chocolat blanc avec chantilly).

Dimanche 20.10.2013 : Je sens que ça ne va pas du tout. Sur la journée, je mange :

· 3 croissants

· 3 tranches de pain noir avec confiture de fraises

· Un kiwi

· Un Actimel

· Un petit pain au raisin

· 6 barres chocolatées Leo de Milka

· 2 tranches de pain blanc

· 6 cuillères à café de chocolat tartinable Kwata

· Une cuillère à café de miel

· Un apéritif (quelques chips et biscuits d’apéro)

· 2 portions de paella

· Une part et demi de tarte au citron

· 2 parts de tarte poire-chocolat avec crème anglaise

· Un dessert fait avec une boule de glace à la vanille, des pommes caramélisées et des fruits rouges

· Une « petite » pita (je dis petite car la nomenclature de la chose à l’endroit où je l’ai achetée appelle cela une petite pita mais il faut avouer qu’elle était beaucoup de choses, mais petite non…)

· Une grande portion de frites

· 3 biscuits au son d’avoine

Lundi 21.10.2013 : Dès le matin je me sens dépassée, fatiguée, drainée, l’impulsion de manger me consume. Je mange sur la journée :

· 3 croissants

· 3 pains au chocolat

· 2 chaussons aux pommes

· Un chausson à l’abricot

· 2 barres Special K chocolat au lait

· 3 biscuits au son d’avoine

· Una assiette de spaghetti bolognaise

· Une tranche de brioche

· Un hamburger généreux

· Une petite portion de frites

Ce n’est qu’à midi en ce jour que les choses se calment. Je me sens physiquement horrible ; mon ventre est absolument tendu à l’extrême car je n’ai rien évacué de tout ce que j’ai mangé depuis vendredi. Je n’ai plus une once d’énergie ce qui fait que tout bonnement, je dors debout. Et la honte, la culpabilité, la frustration et toutes ses bonnes amies sont là. Prévisible quoi, ce n’est pas que ça change des autres crises … Sans parler des autres désagréments physiques comme la nausée, la sensation que tout le tube digestif brûle, d’être bloquée en-dedans et incapable de faire le moindre effort alors qu’habituellement vous graviriez des montagnes sans dire un mot.

Je voulais écrire ce billet pour tous ceux qui ne se rendent pas compte que quand quelqu’un dit que sa guérison n’est pas sans coups durs, cela est la vérité. Quand on lit ou quand on écoute quelqu’un raconter sa guérison, cela a toujours l’air idyllique. Même quand ce quelqu’un nous dit que ce n’est pas toujours parfait, on n’imagine pas que cela peut être l’enfer comme dans notre propre vie. Et ainsi, quand vous êtes en début de phase de traitement et que vous lisez/entendez « ne t’attends pas à ce que cela soit parfait du jour au lendemain », ce n’est pas une blague. Personne ne récupère par simple volonté juste parce qu’il l’a décidé. Si c’était le cas, bien plus de personnes seraient tirées d’affaire. C’est pour cette raison que j’ai choisi d’exposer cette crise avec toute l’honnêteté dont je suis capable. Elle est horrible et me fait honte, mais a le mérite de montrer que oui, c’est encore possible.

Mais ce n’est pas tout. Je suis à présent sortie de cette crise (on est le mercredi 23 octobre à l’heure où je mets ce billet à jour). Je ne suis pas encore lavée de tous ses effets physiques (je me sens encore alourdie par les aliments que je n’ai pas encore éliminés) mais cela s’améliore. Et l’essentiel là-dedans c’est que cette crise m’a appris des choses. C’est là l’aspect crucial. Je n’en sors que plus avertie, plus forte, capable de faire des ajustements à la façon dont je gère les choses. Je me sens bien mentalement, tout simplement. Bien. Certes, j’ai planté. J’ai même planté pendant 4 jours pleins. Ca craint, on est d’accord. Mais n’empêche qu’à la place de 10 jours, cela n’a été que 4, et n’empêche que les enseignements que j’en ai tirés sont d’après moi parmi les plus utiles. Bref, je me sens bien.

Peut-être devrais-je vous faire part de ces petits ajustements que je vais faire à mon plan suite à cette expérience :

Ne pas trop planifier :

Précédemment j’évoquais comment il fallait planifier sa nourriture et se tenir à son planning. C’est bien ce qui est décrit dans la théorie. Je l’ai essayé. Rigoureusement, même. Mais pour moi, je ne pense pas que ce soit quelque chose de bénéfique. Ca l’est peut-être pour d’autres patients mais je me rends compte des effets plutôt néfastes que cela a sur moi. C’est pour cette raison que je vais moins planifier mes repas, et mes rapports à la nourriture en général. En effet, quand je planifie, cela tourne à l’obsession. Je pense constamment à comment je vais manger dans les jours qui suivent, quoi, en quelle quantité, et malgré moi, le fait de planifier me mène à un comptage des calories (à proscrire dans de telles circonstances). Je cristallise sur la nourriture. Tout ce qu’il ne faut pas. Il faut justement que je m’en détache, que je considère la nourriture comme ce qu’elle est ; un substrat nécessaire dans la vie, mais qui ne doit pas occuper chaque pensée. Je suis donc en train de me détacher de la nourriture. Je fais à manger des choses que j’aime bien et qui sont saines, je les mange en quantités satisfaisantes, j’en profite tant que ça dure, mais basta. Je ne cherche pas à attribuer plus d’importance à la nourriture. Je tente d’y penser beaucoup moins (ce qui est encore à largement parfaire, mais c’est l’idée). Cela me permet aussi de ne plus autant me stresser avec des situations « à risque ». Le weekend qui vient, j’ai deux occasions (une au restaurant, l’autre chez quelqu’un) ; le genre de chose qui d’ordinaire me traumatise avant d’y être. Soyons franc, mon premier réflexe est encore celui-là puisque le détachement est encore une notion toute nouvelle pour moi, mais j’initie le processus en ne planifiant pas. Je verrai bien. Je verrai ce dont j’ai envie, je verrai ce dont j’ai besoin. Cela ne sert à rien de faire des schémas mentaux de comment je vais gérer la situation, de comment je vais me restreindre le reste du temps pour rendre ces repas acceptables, … BULLSHIT tout ça, à la poubelle. Je n’y pense pas. C’est de la nourriture, rien de plus. On verra bien quand on y sera et y penser ne fera que construire l’anxiété brique par brique.

Arrêter la restriction :

Ca, c’est le gros bout. Parce que si on y réfléchit bien : Pas de restriction à Pas de boulimie. Parce que oui, le fait d’être boulimique est quelque chose d’émotionnel à la base. Jusque là, on est d’accord. Mais ce qui fait que l’on se jette sur la nourriture lors d’une crise de boulimie n’est pas tant l’émotion que l’instinct de survie d’un corps en manque de certains nutriments. J’en suis de plus en plus convaincue. Comprendre les émotions présentes lors d’une crise, c’est donc bien joli, mais si on n’arrête pas la restriction par derrière, c’est peine perdue. Ce qu’il faut c’est que le cerveau et le corps soient tous les deux satisfaits. Et pour cela, il faut une alimentation saine, certes, mais qui réponde à nos petites envies quand elles se présentent. Faute de ça, nous construisons des carences physiques, mais également psychologiques, jusqu’au jour où BOUM, nous mangeons tout en quantités décuplées.

Alors je suis décidée, la restriction c’est fini. Le premier moyen mis en œuvre pour cela est l’arrêt définitif du comptage de calories. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi que je m’écoute. Parfois, on a le besoin de se faire un petit plaisir. C’est normal, c’est sain. Mais en tant que boulimique-anorexique, cela n’est pas possible. Votre esprit restrictif vous dit « non, surtout pas, prend telle autre chose, c’est moins calorique ». Cela m’est encore arrivé samedi : On était dans mon restaurant préféré (il fait un million de sortes de salades plus belles, originales et gourmandes les unes que les autres et des desserts à tomber amoureux. Aussi, il fait des chocolats chauds mais au vrai chocolat blanc. Bref, il est sublime : http://www.bouledebleu.be/). Je pouvais prendre la salade de mon choix pour me faire plaisir. Or vue la crise de la veille, mon cerveau était en mode « tu prends ce qu’il y a de moins calorique et basta ». Et donc, alors que j’avais vraiment envie d’une salade au fromage, j’ai pris une salade aux fruits de mer. Et elle était magnifique et délicieuse cette salade, mais mon ce n’était pas ce sur quoi mon cerveau avait fantasmé. Et donc la satisfaction n’est pas arrivée. Je me suis alors ruée sur un dessert, sur un chocolat chaud, et puis une crise est arrivée. Bref, cette anecdote sert à montrer qu’une des choses à faire dans la prévention de crises de boulimie est de satisfaire sa VRAIE envie quand on est dans le cadre de se faire plaisir. Ne pas le faire reporte juste l’échéance ; on mangera la chose ensuite en quantités gargantuesques mais dans le cadre d’une crise, sans en profiter. Su-per. C’est une des grandes leçons apprises de cette nouvelle crise. Cela va être la plus dure à appliquer, mais peut-être la plus salvatrice au long-terme.

Continuer les affirmations et la pleine conscience :

Ces deux pratiques sont très très très utiles pour se mettre dans le bon état d’esprit pour aborder la journée. L’affirmation ne peut que donner du baume au cœur et la pleine conscience permet de savoir dans quel état on se trouve accroissant la « self-awareness ». D’ailleurs, on remarque que lors de phase de crise, on n’est pas capable de faire ces choses. Personnellement, je me trouve dans l’absolue incapacité de faire quoi que ce soit de positif en ce sens dès le moment où je suis en état second. C’est bien la preuve qu’en autre temps cela est très utile.

Continuer à marcher suffisamment :

Pour moi, la marche, c’est essentiel. C’est toute une partie de ma journée qui y passe, mais quand je vois les bienfaits que cela me procure, je ne lésinerai plus jamais à y mettre les heures. Et je me rends d’autant plus compte que cela est une partie absolument cruciale pour mon bien-être quand j’analyse des jours comme ceux de ma précédente crise. Je n’ai pas marché une seule fois. Et ça n’a fait qu’aggraver mes crises, c’est certain. Je ne marchais plus parce que je crisais, et je crisais parce que je ne marchais plus. Je l’ai vraiment ressenti comme tel. Au final ça tombait bien parce que j’étais blessée à la cheville donc cela lui a donné le temps de se remettre, mais maintenant, je le sais. Marcher est vraiment thérapeutique pour moi. Cette activité m’apaise, tempère mes humeurs, me fournit une activité physique, me fait prendre l’air, me prépare à la journée ou me calme après celle-ci, … Une liste sans fin des bonnes choses que cette activité me fournit. A consommer sans modération.

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